Il était venu (evidemment contraint et forcé
).
Elle observait cet être qui se gaussait tant de tout honneur, de toute bravoure, de toute reflexion.
Bien plus petit que ce qu'elle imaginait. Habillé de couleurs criardes, mal assorties. Les cheveux en bataille et crasseux. Il était ivre.
Il paraissait fragile, timide, mal à l'aise.
Et cela ne tenait pas qu'à sa situation précaire. Ap'Poh aurait été une jeune fille plus classique, elle aurait probablement été touchée et émue par cette présentation.
-Alors, il parait que tu as le pouvoir de nous maudire?
-...
-Tu l'as échangé contre ta langue?
-Nan, m'dame.
-Bon, je manque à tous les égards. Une petite boisson? Détends-toi. Mets-toi à l'aise. Nous allons discuter de la suite.
-OK m'dame.
-Tu sais pourquoi tu es encore là?
-Nan m'dame.
-Arrête de m'appeler ainsi, je suis probablement plus jeune que toi. Tu es ici car ma famille clanique est persuadée que tu as d'étranges pouvoirs qui pourraient nous nuire. Tu comprends?
-Oui m'dam...heu,enfin nan mam'zelle.
-Je pourrais te tuer.
-Je sais mam'zelle.
-Je vais te tuer.
-...
-...ou pas...Je t'offre ton destin: que préfères-tu? Tu veux que je te détruise? que je m'en aille? que nous régnions tous les 2? que nous partions laissant cet île à sa propre destinée folle?
-Vous la méritez, prenez là. Même si j'aurais aimé y laisser ma trace.
-Tu me fais rire. Bois un peu, détends toi. Observe le spectacle.
Elle frappa dans ses mains et une dizaine de succubes apparurent et se mirent à danser un ballet étrange et hypnotisant.
L'alcool aidant, Jack s'enfonça immédiatement dans le spectacle, comme ...ailleurs...
-Tu voulais que je chante pour toi n'est-ce pas?
Il n'était plus avec elle, incapable de répondre, absent, perdu dans les mouvements captivants des démones. Un son mélodieux, lointain, enfantin s'éleva pour ajouter à la magie de l'instant. Elle l'emmenait plus loin dans cette transe par quelques notes. Finalement le chant d'Apocalypso avait bien des pouvoirs...
Il s'endormit vite. Il ne pesait rien. Elle l'allongea sur une couche moelleuse. Elle ouvrit la chemise de lin de sa proie, observa son torse imberbe, sentit son coeur battre sous ces quelques millimètres de peau, dos et de muscles.
Les ongles de la jeune fille s'allongèrent, fines lames noires acérées. Elle approcha ses griffes du point palpitant au milieu de son thorax. Juste un tout petit geste et elle tiendrait son organe dans sa main, sentirait le sang chaud couler, pourrait se délecter de celui-ci...
La nuit tomba, les Ombres envahirent tout, toute raison, toute déraison...