A travers les mondes ...

Episodes précédents :
Arrivée de Fagan Vugnar
En taverne...
Sur une plage


Fagan le sait. Korem est ici.

Les diamants crissent sous ses pas, le balancement de sa hache fait refléter successivement le jaune du ciel, le rose de la mer ou le noir des falaises.

Un bruit lointain lui parvient.

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## bruit caractéristique d'une taverne qui s'écrase sur une ##
## plage de diamants, soit schpounk ou un truc du genre ##
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Il se met à courir dans la direction d'où provenait le bruit, et arrive sur les lieux quelques minutes plus tard.

Se servant de sa hache comme d'une pelle, il se met à creuser à travers les gravats. Il sent que Korem est là desous. Comme quand il avait été débusquer ce géant dans les hautes montagnes d'Himalayadhil. Il sentait toujours quand sa proie était proche. Là-bas il avait eu un choix à faire, il ne fallait pas se tromper de chemin au fond de la caverne. Il n'a su qu'après, quand il y a poussé le géant, que si il avait fait un pas de trop à gauche, il serait tombé dans le vide.

Fagan vient de trouver le marteau de Korem, il touche au but !

Des bruits parviennent à Korem. Des grattements, comme si quelqu'un creusait à travers les morceaux de taverne. Il sent que le poids qui l'écrase diminue au fur et à mesure que le bruit augmente.

Il sent le manche de sa hache, qui était bloqué devant son pied, glisser, puis des gravats rouler. Sentant son pied libre, il met toute son énergie à se lever, et surgit comme un dément de ce qui reste de la taverne. En face de lui, rien, seulement la plage de diamants puis la mer rose et l'horizon qui la sépare du ciel jaune.

"Korem, retourne-toi !"

Il reconnait la voix de Fagan, et obéit pour lui faire face.

"Reprends ça et bats toi pour une mort honorable ! Cette fois tu ne pourras t'enfuir, et personne ne pourra t'aider !"

En disant ces mots, Fagan lance la masse en direction de Korem qui l'attrape au vol.

Les tatouage du tueur se remettent à luire faiblement, mais cette fois-ci la rune de la hache paraît éteinte.

Et leur combat recommence. Ils sont tous les deux concentrés sur les mouvements de l'autre. Tout s'enchaîne. Attaque. Parade. Feinte. Attaque. Esquive.

L'esprit de Korem dérive.Il se souvient clairement de ce qui s'était passé au bord du lac souterrain maintenant. Il était descendu en grommelant, c'était la troisième fois de la journée que Fagan voulait des champignons. Il n'en avait jamais assez. Une recette révolutionnaire qu'il disait. "Pff, j'y met pas de champignons et les Claniques l'aiment quand même cette bière". Cette fois là il n'était pas seul en bas. Quelqu'un l'attendait. Il lui avait raconté tout ce que lui faisait subir Fagan. C'est à peine si il s'en rappellait maintenant. L'inconnu lui suggéra de se rebeller pour changer les choses, et Korem remonta vers la brasserie sans les fameux champignons.

Une estafilade sur le bras droit de Korem arrache quelques diamants qui étaient restés dans sa peau, et ramène Korem vers la réalité. Les nains ne sont qu'à quelques mètres de la falaise maintenant. Une fissure dans la roche a l'air de permettre de quitter la plage. Sans quitter son adversaire des yeux, Korem s'y dirige, poussant Fagan à reculer dans la faille. Le couloir est oscur, la seule luminosité vient de l'extérieur, et des tatouages de Fagan, qui brillent plus fort à présent. Les diamants plantés ça et là dans la peu de Korem scintillent en réponse aux pulsations des tatouages de son adversaire.

Les combattants continuent à s'enfoncer dans le boyau rocheux, suivant le parcours tortueux qu'il leur impose. La rune de la hache du tueur s'est rallumée. Fagan porte un coup. Korem le pare. Un éclair aveuglant se produit au moment où les deux armes se touchent.

Les combattants sont maintenant sur une bande de roche, large d'environ deux mètres. A part cette bande de roche sombre, qui s'étend à perte de vue dans chaque direction il n'y a rien. Tout le reste est d'un blanc laiteux, sans nuances.

Dérouté quelques instants, Korem pare in extrémis un coup qui lui aurait tranché la tête.

Nouvel éclair. Deux murs de part et d'autre des combattants. Ils ont l'air percés de fenêtres, et des escaliers de métal permettent d'y monter. Derrière les nains, entre les murs, tout est gris, morne. L'espace qui se dégage devant eux est trop lumineux pour qu'ils puissent y voir quoique ce soit pour l'instant. Leur combat n'a pas cessé, et de parades en feintes, ils se dirigent vers l'espace dégagé.

L'endroit ressemble à la rue d'une cité, des passants vaquent à leurs occupations près des bâtiments en bordure. Les nains sont arrivés au milieu de la rue, personne ne leur prête attention. Un grand bruit, un sorte de grondement se fait entendre et ils n'ont le temps que de s'écarter l'un de l'autre pour laisser passer une sorte de charrette entre eux. Celle-ci n'est tirée par aucun cheval ou autre animal, et est d'un noir brillant. La voyant arriver, un humain au bord de la rue lâche les sacs qu'il tenait et se met à courir. Une vitre de l'engin s'abaisse alors et une main tenant un objet bizarre sort. Une pétarade retentit. L'humain qui courait est mort, du sang a giclé sur le mur derrière lui. L'objet devait être une arme, et ceci ressemblait à une exécution.

Fagan et Korem détournent les yeux de ce spectacle et se regardent. Simultanément ils décident de charger tous les deux, l'un vers l'autre.

Un instant avant le choc, nouvel éclair aveuglant.

Ils sont dans une jungle luxuriante, un arbre les sépare. Emportés par leur élan, ils foncent tous deux dans l'arbre, et retombent en arrière. Des fruits un peu trop mûrs s'écrasent autour et sur les combattants. Ils se relèvent puis se mettent à tourner en cercles autour de l'arbre, chacun observant les mouvements de l'autre.

Korem se remémore son arrivée à la brasserie de Maître Vagnar. Il venait d'être refoulé de l'orphelinat où il avait passé son enfance. "Tu es en âge de travailler". Il avait à peine quinze ans. Fagan Vagnar le prit sous son aile, lui promettant qu'il serait son successeur à la brasserie. La brasserie de Maître Vagnar était renommée dans toute la mine, et lui aussi. Son précédent "apprenti" avait quitté la mine en emportant la caisse. Esclavagiste. Vingt ans plus tard, Korem était toujours aussi exploité. Il avait un salaire de misère et était logé dans le grenier. Il n'avait que des rats pour compagnons. Sale période. Il n'a plus pu supporter les rats depuis.

Ils tournaient depuis quelques minutes maintenant. Fagan y met un terme en coupant l'arbre d'un seul coup de hache. Un coup d'épaule suffit à dévier sa trajectoire vers Korem qui recule pour éviter les plus grosses branches.

Fagan charge à travers l'abre à terre, coupant les plus grosses branches et cassant les autres. Le coup que Korem inflige à l'ancien maître brasseur lui rappelle comment le nain du Clan l'avait assomé en revenant du lac souterrain. Son regard était étrange. Cette fois il n'avait carrément ramené aucun champignons. Il vit Korem se saisir d'une barre de bois, et la manière dont ce dernier la brandit suffit à faire peur à Fagan. Il essaya de fuir, jetant tous les objets qui lui passaient sous la main en direction de Korem pour le ralentir. Puis il trébucha, et un coup à l'arrière de son crâne lui fit perdre conscience. La bière qui coula sur son visage lui fit reprendre conscience. Korem détruisait tout dans la brasserie. Il mettait à bas les grandes cuves dans lesquelles l'alcool fermentait, du moût encore chaud gisait sur le sol. Voyant qu'il était de nouveau conscient, Korem passa à l'étape suivante. Sasissant un bidon de pétrole pour les lampes, il en répandit partout. Il sortit ensuite un briquet, et le jeta allumé dans la brasserie. Le pétrole prit feu immédiatement. Il attrapa le maître brasseur par le col de son vêtement et le tira dehors. Puis il s'enfuit, laissant Fagan gémir et pleurer.

Se remémorer tout cela donne à Fagan un regain d'énergie, la lumière de ses tatouages est maintenant palpitante, alternant toutes les couleurs du spectre visible.
Et leur combat reprend. Ils se batent commme des déments, se servant des larges feuilles ou des petits arbrisseaux pour gêner leur adversaire. En reculant, Korem marche sur un petit arbre et le maintient au sol. Il le relâche quelques instants plus tard, Fagan se le prenant en pleine figure. Fagan tombe à la renverse, et en se plantant dans le sol, sa hache y crée une fissure.

Celle-ci s'agrandit et Fagan y tombe, emporté par son arme. De son autre main il attrape la masse de Korem, et ainsi l'entraîne avec lui dans sa chute. Le gouffre dans lequel ils tombent paraît sans fin. Et tout ceci n'interromp pas leur combat. Evidemment c'est moins aisé de viser en tombant à une vitesse un peu trop importante, mais ça n'a pas l'air de les empêcher de tenter tout du moins.

Finalement le gouffre n'est pas sans fin. Une rivière coule en grondant.
Les deux nains y tombent, et peinent pour se maintenir à la surface, du fait du courant et de chacun des combattants qui cherche à faire couler l'autre.

Le courant est rapide, et s'accélère de plus en plus. Korem, plus en aval, et arrêté le premier par une épaisse grille placée en travers de la rivère. L'escaladant, il monte sur une sorte de digue. Le spectacle qui s'offre à lui est fou. En contrebas s'étend un lac de lave, dans lequel la rivière se déverse en chuintant. Une partie du flux d'eau est dirigé par un réseau de goutières qu'une mécanique complexe manoeuvre. Le résultat est la création temporaire d'une route entre deux bords opposés du lac, où l'on distigue de chaque côté une entrée sombre. La route se crée par la solidification de la lave au point où l'eau est tombée, créant une épasse vapeur. Quelques minutes plus tard, la route fond à nouveau et redevient de la lave brillante.

Korem est interrompu dans sa contemplation de cette plateforme de lave solidifée qui parait ainsi se déplacer d'un bout à l'autre de l'immense caverne. Fagan vient de terminer de grimper et il pousse Korem, sautant à sa suite.

Les deux nains tombent dans une goutière, puis le flux d'eau les emporte. De goutières en goutières, ils tombent finalement sur la plate forme de lave solidifiée. Une fois la vapeur dissipée, ils sont sur un sol légèrement mou, encore rougeoyant par endroits.

La chaleur est incroyable.

La chaleur est incroyable.

Comme l'était celle du brasier qui avait englouti sa brasserie. Fagan pleurait, ses larmes reflétant les flammes. Assez rapidement, des nains arrivèrent, alertés par le feu. Fagan, était desespéré par la destruction d'un édifice auquel il avait consacré cinquante années de sa vie, et pour lequel il avait tout sacrifié. Il se saisit d'une hache et décapita presque d'un seul geste les deux premiers nains qui étaient arrivés devant la brasserie. Les uns après les autres, les nains tombaient sous ses coups. Il était couvert de sang. Il fut maitrisé par les soldats du feu, qui pointèrent leurs jets d'eau sur lui et non sur le brasier. Les trois jets d'eau eurent raison de Fagan, que le service d'ordre de la cité jeta dans un cachot. De la brasserie, il ne restait que quelques murs de pierre calcinés et des cuves de métal éventrées. Le procès de Fagan ne fut pas long. Il ne parvenait pas à leur expliquer ce qu'il s'était passé. Il se battait tant avec ceux qui partageaient sa geôle qu'ils décidèrent de le bannir. Un soir il s'endormit, et se réveilla dehors par un matin pluvieux. Pas une grosse averse, juste une bruine assez dense. Mais pas du brouillard non plus, juste un matin pluvieux. Il chercha alors la mort auprès des créatures les plus dangereuses de ce monde, mais tout le ramena à Korem.

Korem qui est en face de lui. Un nouvel accès de rage et il se jette sur lui. Ils se battent comme des luteurs désormais, leurs armes gisent plus haut, dans la rivère, à l'endroit où ils y sont tombés.

Aucun des deux ne réussit à prendre l'avantage, la fonte du sol sous leur pieds ou la proximité de la chute d'eau les obligeant à bouger sans cesse, restant toujours au centre de la plateforme.

De cette manière, ils se rapprochent de la rive.

La rive de ce coté du lac est consitiuée par une plateforme de roche qui ne semble pas se soucier de la présence de lave à proximité. Dans le mur de la caverne est percé un tunnel. Autour de l'entrée sont disposées des enseignes lumineuses de toutes les couleurs, certaines clignotent, d'autres sont totalement éteintes. Sur l'une d'elles est écrit :

"Bienvenue en enfer !
Laissez vos chaussures à la consigne."

Korem reconnaît aussi une version écrites en langage runique, et en déduit que les autres doivent être des traductions dans d'autres langues.

Les deux nains ont maintenant cessé de se battre. Ils se regardent sans comprendre. Leurs corps sont couverts d'ecchimoses et d'éraflures diverses.

A côté de l'entrée du tunnel est posé un grand fauteuil en obsidienne. La moindre parcelle de roche visible est sculptée de motifs variés. La pluspart représentent des démons, ou divers autres spectacles et créatues infernales. A l'extrémité des accoudoirs, on peut reconnaître des crânes munis de deux cornes en spirale, incurvées pointes vers le plafond de la caverne. La main droite de la créature assise dans le fauteil tient un havane, et se sert d'une des cornes pour régulariser la braise rougeoyante qui brille au bout du cigare. Dans sa main gauche il tient une sorte de cane noueuse, ou plutôt un bâton, à l'aide duquel il désigne Korem.

"Tu es en retard, je pensais te voir arriver plus tôt."
Korem se désigne ainsi que Fagan.
"Nous sommes...
- Morts ? Oui !" Lui répond le démon assis dans le fauteuil, sans attendre la fin de sa question.
"En fait vous l'êtes depuis quelques temps déjà. Le coup de hache que tu as reçu dans la taverne de la cité du Clan t'a tué Korem. Et tu ne te souviens pas avoir essayé de fuir la rage des Claniques Fagan ? Trop occupé à retrouver la trace de Korem..."

Il allait continuer, mais une lumière blanche descendant d'en haut l'interromp. Un nain richement vêtu apparaît. Il s'adresse aux deux nains.

"Tagazok à vous mes frères !"

Dèrrière lui apparaît un portail richement décoré, gravé d'or et d'argent et serti de pierres précieuses. Le nouvel arrivant désigne le portail, et parle d'un ton jovial :

"Bienvenue au paradis des nains ! Vous ..."

Le démon l'interromp : "Et voilà, il suffit que je me manifeste un peu et l'autre emplumé se pointe... T'avais tout le temps pendant leur chemin jusqu'ici !
- Mais il est bien plus simple de surveiller tes mouvements que les leurs ! Et de toute façon ils ont eu une mort honorable en combat, c'est leur droit de rejoindre le paradis, même toi tu ne peut aller contre ça !"

Le démon ne réplique rien, une expression mystérieuse peinte sur son visage. Fagan, encore hébété, se dirige en titubant vers le portail, qui s'ouvre pour le laisser passer. Korem essaye de le suivre, mais le portail se ferme devant lui et refuse de s'ouvrir. L'ange nain jette un regard étrange à Korem.

"Hum ... Une magie instable est à l'oeuvre sur ton corps. Tu ne pourras nous rejoindre tant qu'elle sera active. Elle a l'air de t'empêcher de mourir, mais tu n'es pas vivant non plus. De toute façon, ce n'est pas de mon ressort...
- En effet ! Je te laisse Fagan, son âme n'avait aucune importance pour moi. Maintenant pars d'ici, et vite !"

Le démon avait haussé le ton en finissant sa phrase, et l'ange nain apeuré s'éclipse rapidement, n'ayant que le temps de lancer un "A bientôt" tandis que le démon qui s'était levé se précipite vers lui, l'air excédé.

La vision de la porte du paradis s'est totalement estompée, et le démon fait signe à Korem d'entrer dans le tunel.

"Je ne comprends rien. Que se passe-t-til ?
- Tu auras plus d'explication en temps voulu, viens boire un verre en attendant que Kere nous rejoigne, il ne devrai plus tarder maintenant !
- Kere ? Mais qu'a-t-il à voir dans tout ça ?
- Bien des choses jeune nain, bien des choses..."

Sur ces paroles énignmatiques, le démon brosse la poussière de son custume, rajuste ses lunettes noires et tire une bouffée de son cigare en poussant Korem vers l'entrée des enfers de son bâton noueux.

Et le nain du Clan rentre dans le tunnel qui s'ouvre devant lui, ne cherchant pas à comprendre ce qui lui arrive. Il ne se doute pas de ce qui se passe loin au-dessus, dans la cité du Clan, par un matin pluvieux. Pas une grosse averse, juste une bruine assez dense. Mais pas du brouillard non plus, juste un matin pluvieux.