De Cirquedhil à Valsedhil

Alors qu'il sirotait tranquillement le dernier tonnelet de bière qu'il avait pu sauver de la destruction sur Cirquedhil, le radeau de Korem s'immobilisa. Le vent était tombé et la voile de fortune pendait lamentablement, inutile. Quelques dernières ridules qui avaient oublié de se carapater remuaient la mer. Une terre était perceptible à l'horizon, d'ici ça ne paraissait être qu'un petit îlot.

Korem finit de vider son tonnelet, puis, sortant une craie d'une poche, le barbouilla de runes. Jugeant son travail accompli, il le posa, puis arracha le reste de voile qui pendait au mât. Il découpa la voile en lanières dont il se servit pour attacher le tonneau en haut du mât. Il arrima ensuite ses pieds aux poutres du radeau avec le reste de la voile et des cordages. D'un coup de hache il finit de détruire les fixations du mât, et le tenant par le bout opposé au tonnelet, rapprocha lentement le bois peint de runes de l'eau.

En s'en approchant, les runes se mirent à luire, et, Korem tenant fermement le mât, il encaissa une secousse qui fit avancer le radeau.

"Efficace le coup du tonneau hydrophobe... faudra breveter ça !"

En plongeant plus profondément le tonnelet dans l'eau, le radeau de Korem accéléra, et la vitesse à laquelle il filait valait celle du meilleur voilier.

La côte de l'île se rapprochait maintenant. Très vite. Beaucoup trop vite. Korem retira le tonnelet de l'eau, mais cela ne freina pas sa course pour autant, et le radeau s'écrasa sur les galets de la plage. Korem se releva et vit devant lui quelques grandes bâtisses, un peu plus haut sur la plage. D'habitude il ne voyait ce genre de construction que chez ses ennemis ou ses alliés, mais là il comprit qu'il était arrivé sur un nouveau continent, et qu'il avait à commander une nouvelle armée.

"Votre arrivée n'était pas si mal ... Seigneur"

Korem sentait le dégoût dans la voix du nouveau venu. il marmona pour lui même : "Oh je sens que ça va être dur !"
Puis à voix haute :
"Amenez-moi dans mes quartiers s'il vous plaît ! Et comment dois-je vous appeler ?
- Je suis le Général Huor Calaelen, et le village Elfique que vous voyez là-haut sera votre base de conquête !
- Oui c'est bien ce que j'avais compris..."

Et c'est d'un air maussade que le nain suivit l'elfe sur le sentier qui montait entre les buissons.