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 [Le cycle du Talion] Interlude : Petite leçon des choses...

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AuteurMessage
Le Rat
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Le Rat


Age : 47
Localisation : Agitateur ressemblant souvent à une merde collée sous le pied d'un orc!
Date d'inscription : 17/01/2008

[Le cycle du Talion] Interlude : Petite leçon des choses... Empty
MessageSujet: [Le cycle du Talion] Interlude : Petite leçon des choses...   [Le cycle du Talion] Interlude : Petite leçon des choses... EmptyJeu 18 Mar - 7:36

Il y a deux choses qui sont sans limites : la féminité et les moyens d'en abuser.

Luc Besson

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ ~~~~

Les brûlures infligées par la Paresse avaient noyé la conscience de Rat...Le noir avait repeint tout son esprit, isolé et recroquevillé. Mais quelque chose évolua...
Et c'est bien de l'eau qui le ramena à lui. Une eau fraîche et pure, apaisante, rassurante, cicatrisante.

Rat était allongé, immergé dans quelques dizaines de centimètres d'eau limpide. Il voyait la vie se dérouler juste au dessus de lui. Il la goutta. Une impression de libération, de liberté le submergea.

Lentement, il s'appuya sur ses coudes pour se relever. Assis, trempé, dans ce qui ressemblait beaucoup à une mare, il contempla son nouvel environnement.
De la verdure et de la chlorophylle tout autour de lui. Des bruissements, des froissements, des sifflements, des caquètements , tous les cris de tous les animaux paraissaient s'être donnés rendez-vous ici.

Encore un effort et voici le démon érigé, droit et fier, dans cet hymne à la vie.

Du regard, il scrute celui qu'il doit probablement rencontrer ici.

Un pas hors de l'eau, son pied se pose sur un tapis de mousse légère et soyeuse. Des odeurs d'humus, de printemps, d'air frais l'assaillent. Encore une bouffée et le voilà grisé par le lieu et ses parfums.

C'est ce moment qu'Elle choisit pour lui apparaître.

Ah comme elles sont douées pour cela ! Comment peut-on parler de sexe faible alors que ce sont elles qui ont le pouvoir ?

Elle était là, entre 2 arbres, nue et belle. Simple. Délicate.

Il...il était bouche-bée. Un démon, mais il se rendait compte qu'il savait aussi être sensible à la beauté. Rien en Elle ne semblait la sublimer mais l'harmonie du tout La rendait magnifique.

Il n'arrivait pas à articuler le moindre son intelligible.

-Je te gêne ?

Sa voix était caressante, sécurisante.

-Je vais arranger cela. Susurra-t-Elle avec un sourire coquin.

Elle effleura un arbuste derrière Elle et celui-ci se mit à vivre. Il étira sur Elle de fines lianes qui s'enroulaient consciencieusement sur chaque partie de son corps gracieux. De larges feuilles apparurent sur les tiges, se plaçant judicieusement aux endroits que la pudeur imposait de masquer. Une fleur éclata dans sa chevelure ondoyante, juste au dessus de son oreille. Habillée de végétaux, elle prenait encore plus de charisme aux yeux de Rat.

-Voilà qui est fait. Je me nomme Féminité.

Elle utilisa une langue étrange pour exprimer son nom.
En fait, à traduire, l'idée la plus proche qui s'imposa à l'esprit du démon fut quelque chose entre Féminité et Dame Nature. Mais de nombreux échos tout autour de ce son lui soufflèrent également Abondance, Maturation, Murissement, Expérience, Naissance, Existence, et tant d'autres synonymes de cet éclat de vie à l'état brut...

C'était au tour du démon de se présenter s'il ne voulait pas paraître ridicule.

-Je suis...

-Oui, je sais.coupa-t-Elle. Tu es. Tu es celui qui a décidé d'être libre. Libre de son créateur et de son destin. Je suis heureuse de te rencontrer. Tu as fait germer dans mon jardin une si belle oeuvre. Viens je vais te montrer cela.

Elle lui attrapa la main pour le guider dans un coin retiré de cette flore luxuriante. A quel moment s'était-Elle approchée assez près de lui pour le toucher ? Il ne se souvenait pas...

Déjà, il s'envolait dans le vert avec Elle.

Il frôlait les herbes et les arbres autour de lui et dans chacune et chacun se cachaient des émotions, des rires, des tragédies. Il était envahi par quelque chose qui s'évaporait de chaque être végétal présent. Des affects et des cris qui ne lui appartenaient pas.

Mais la Dame savait le diriger pour qu'il évite au maximum de s'étouffer dans un entremêlement de lianes ou un mur de ronces. Elle lui expliqua que chaque plante représentait une existence quelque part. C'était à elle d'entretenir le destin germé de chaque vie. Probablement s'y serait-il perdu, englué dans trop d'émotions et d'évènements qui ne le concernaient pas.

Ils arrivèrent dans une clairière de quelques pieds de diamètre. Sombre, inquiétante, juste illuminée en son centre par un fin rayon de lumière qui perçait et crevait les plus hauts arbres et qui tombait pile sur une fleur noire.
Ils restèrent dans les fourrées, en bordure de ce spectacle, comme pour ne pas déranger ce qui se déroulait sous leurs yeux. Comme si cette féérie pouvait se soustraire à leurs regards.

Tout était concentré dans une fleur. Une fleur majestueuse, d'un noir élégant et sobre. Les étamines, d'un orangé vif, pointaient au-dessus de la corolle de pétales. Elle répandait dans l'air son pollen qui scintillait tel des étoiles perdues dans un cosmos de vide.

-Te souviens-tu du moment où tu as su te transcender et atteindre ce plan d'existence ? Ce moment où tu as réuni toutes tes émotions les plus douloureuses pour faire éclater en toi une force que personne ne devrait jamais entrapercevoir ? Ce moment où tu as arrêté d'exister ? Il est ici. Il a embelli mon jardin de cette charmante vénéneuse.

-C'est ? Elle me représente ?

-Oui. Elle est tout ce qu'il y a de plus pur en toi. Et regarde comme elle s'épanouit, comme elle s'élève MALGRE son milieu hostile. Comme elle le rend plus juste et beau.

-Vous trouvez ? Et qu'y a-t-il à apprendre et comprendre de cela ?

Elle l'observa une seconde surprise. Puis lui fit le sourire le plus sincère et agréable qu'il n'avait jamais pu voir.

-Comme tu es surprenant. Je comprends mieux pourquoi tu es là.

Pensive un instant, elle reprit :

-Il n'y a rien à en apprendre. Je voulais juste te la montrer. Mais, viens par ici. Ta leçon commence.

Elle l'entraîna quelques mètres sur la gauche. Des mouvements autour de lui indiquaient que de petits animaux s'écartaient sur leur passage, mais hormis les végétaux et malgré les bruits, il ne voyait aucun être à sang chaud.

Ils arrivèrent dans un champ de fleurs a priori assez banales mais qui dégageaient un sentiment de sérénité et de bonheur. Des milliers de petites fleurs à 5 pétales carmin, au coeur noir et jaune les regardaient venir. https://i.servimg.com/u/f68/11/98/38/41/875310.jpg

Ils s'arrêtèrent devant les spectatrices muettes.

-Qu'y a-t-il à savoir devant ces fleurs ? demanda naïvement Rat.

-A toi de me le dire...

-Mais je ne...je n'y connais rien. Je ne vois pas ce qu'elles représentent...

-Détaches-toi de ce qu'elles cachent. Racontes-moi ce que tu sais sur cette fleur...

-Je ...je n'en sais rien.... Rien de rien...

Elle lui sourit mielleusement.

-Comme vous êtes délicieux vous les mâles... et un petit rire cristallin ponctua la remarque. Allez gros bêta...fais un effort !

Elle effleura du bout des doigts la poitrine de Rat, juste au niveau de la cicatrice en forme d'étoile qu'il avait récoltée avec la Curiosité.

Une légère sensation de picotements et un flot de souvenirs écrasèrent les pensées du démon. En une fraction de seconde, son esprit se retrouva dans l'immensité de la bibliothèque du Savoir...Dans sa tête, dans ses pensées, il pouvait s'y déplacer à sa guise et emmagasiner des milliards de données, uniquement en se promenant au gré des rayonnages...

Une fraction de temps de plus et la part de lui qui sillonnait le Savoir fut happée, aspirée jusqu'à l'instant présent avec la Féminité. Il eut la sensation de retomber lourdement en lui-même.

Mais cela avait le goût de l'éclair de génie, l'agréable sensation qui suit le moment où l'on cherche un mot et où on le redécouvre, la joie qui inonde de résoudre une énigme tant retournée dans son crâne bouillonnant...

Il expira dans un dernier souffle :

-Potentilla atrosanguinea ...une fleur qu'on ne trouve que dans la vallée Ghangaria ou Vallée des fleurs...

Elle hocha la tête de contentement.

-Bien, tu comprends enfin !

-J'ai accès à tout le Savoir ? De toute chose ?

-Oui, enfin ...tout ce qui est accessible à la parole, l'écriture ou équivalent. Le reste, tu es aussi là pour le comprendre et l'assimiler. Tout du moins je l'espère...

Il remarquait seulement maintenant cette petite fossette qui creusait sa joue lorsqu'Elle souriait. Un charme de plus. Mais Elle parlait, il lui fallait se concentrer sur les mots qui glissaient de sa bouche:

-Jusqu'ici, tu n'as passé aucune épreuve comme te l'ont déjà dit la Vanité et la Paresse. Tu es simplement parti récupérer ce qui te manquait. Tu es parti à la quête de ton propre vide. Tu es allé arracher le feu qui te fait défaut pour te battre à égalité avec Ceux que tu as invité à un duel. Tu es parti comprendre ce que tu es pour pouvoir le hurler sur le toit du Multivers et pour pouvoir renverser Ceux qui ont joué de toi....si d'ici là tu le souhaites encore...

-Je...je...et que m'a apporté la Vanité ?

"Décidément très déstabilisant" se dit-elle en lui répondant :

-Mais tu ne t'arrêtes jamais sur ce que l'on te dit, tu es déjà à cogiter le reste !!! Une soif de Tout comme j'ai rarement rencontré...tu en serais presque ingrat... Bon...tu veux savoir ce que la Vanité t'a offert ? Découvres-le tout seul !!!

Et en riant, elle le poussa fermement et avec espièglerie dans le champ de fleur. Il bascula et s'effondra au milieu de ces fleurs d'existences...

Il chuta et immédiatement fut dévoré par le flot de pensées, de sensations, d'émotions, d'évènements de vie, de bonheurs et de catastrophes de milliers de vies sur des milliers de dimensions d'existence...

Il ne s'appartenait plus. Il se diluait dans tant d'identités, en devenait anonyme pour lui-même. Qu'avait-il vécu pour son propre chef. Quelle était Sa vérité au milieu de cet amalgame de vérités et de mensonges appartenant à des tiers? Il n'était qu'une poussière dans l'océan et le tourbillon de la création. Il n'était plus rien, il était bercé par le murmure assourdissant de ces milliards d'êtres communs qui vivaient leurs gloires et leurs désespoirs. Il se laissait émietter par petits morceaux pour se fondre une bonne fois dans le Multivers.

Et là. Une lueur. Une aura. Un son. Des mots. Une phrase. Une phrase émise par une voix entendue il y a probablement plusieurs éternités. Elle s'adressait à lui.

-Et bien ? Tu n'as donc tiré aucune expérience de ta rencontre avec la Vanité ?

...

...

...

La Vanité ?

Ecouter cette voix lui avait redonné de son individualité.

Penser semblait douloureux mais avec un certain effort, il y arrivait. Il y arrivait. Il pouvait garder le contrôle de SON existence. Au-dessus des autres. Il avait sa propre intégrité. Il connaissait ses propres frontières et en était fier.
La Vanité lui avait appris à se reconnaître lorsque la vie venait le balayer d'une vague de connaissances et de perceptions.
La Vanité lui avait appris à être fier de ce qu'il était et à s'accepter mais aussi à se faire accepter de tous.

Son intégrité. La Vanité lui avait appris le sens du mot « ETRE ». Du mot « UNIQUE ». Le sens de CE QU'IL ETAIT.

Et il n'était pas les autres. Il était RAT.

Et RAT réapparut. Il pouvait se concentrer sur les autres mais surtout sur lui. Pour ne pas se perdre. Il pouvait désormais survoler ces vies, y lire et même y écrire. Il avait le contrôle de son propre esprit et pouvait se dissocier des autres.

Le voilà capable de contempler l'infinité sans s'y noyer.

Lentement, il se releva du parterre de fleurs. Il s'épousseta et cueillit une fleur parmi d'autres. Il l'offrit à la Féminité.

-Pourquoi elle ? se surprit-elle à demander.

-Parce que c'est une des plus belles vies qu'il m'ait été donné de contempler. Elle vous revenait.

Un peu troublée, Elle cueillit la fleur sur le bout des doigts du démon et comprit ce qu'il voulait dire. C'était une vie épanouie, entière, éthérée et lourde d'intérêts...mais surtout une vie qui prenait fin avec le sentiment du devoir accompli. Rat n'avait pas pris une vie, il n'avait rien perturbé dans l'Ordre des choses. Il avait su n'être qu'observateur parmi les dieux...

-Te voici paré pour la suite de ton histoire... lui chuchota-t-Elle à l'oreille. Puis Elle déposa un baiser tendre sur sa joue.

Ce baiser y laissa une marque étoilée éclatante, à moins que ce n'ait été la représentation d'une somptueuse fleur. Ce baiser, presque à regret pour la Féminité, fit disparaître le démon du jardin paradisiaque, l'envoyant à toute allure vers son destin.

.........

-Bonne chance murmura-t-Elle pour Elle-même. Déjà nostalgique, la voilà qui soupira.

Mais Elle n'était pas seule.

Elle se retourna. Il était là.

-POURQUOI AS-TU FAIT CELA ? lui demanda-t-Il d'une voix neutre.

-Parce qu'il le fallait bien. Il faut bien lui donner ce qu'il est venu chercher non ?

-PAS FORCEMENT. JE NE L'AI PAS CHOISI. RIEN NE T'Y OBLIGEAIT.

-Il S'est choisi ! C'est encore bien mieux comme raison. Et puis, TU ne peux t'en prendre qu'à Toi. C'est Toi qui as perturbé l'ordre des choses avec ton poulain.

IL réfléchissait. Puis la conclusion tomba :

-COMME IL EST A LA FOIS GRISANT ET INQUIETANT DE VOIR UNE CREATION ECHAPPER A SON CREATEUR.

-T'a-t-il réellement échappé ?

-JE NE PARLAIS PAS DE LUI MAIS DE TOI...

Un frisson et Elle était à nouveau Seule. Pensive. Seule.

A suivre...
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